Journée internationale de la Démocratie

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15 Septembre 2024 : Qu’est-ce que la démocratie sans l’éducation ?

Par DJEGO Chedji, Ceo AgPDP

La démocratie, souvent perçue comme le système politique le plus inclusif et représentatif, repose sur un fondement primordial : l’égalité des droits entre les citoyens. Cette égalité, pour être efficace, nécessite une éducation appropriée et adaptée. En effet, la culture joue un rôle essentiel en façonnant les comportements et en instaurant des normes au sein de la communauté. C’est ici que l’éducation intervient comme l’un des leviers majeurs pour la construction de toute société démocratique. Une éducation pertinente, fondée sur des valeurs de citoyenneté, de justice et de responsabilité, constitue le pilier central sur lequel peut s’ériger une véritable démocratie.

La démocratie n’est rien d’autre que la conséquence d’une éducation pertinente, pensée et entretenue par un peuple capable de confier sa destinée à des dirigeants incarnant ses aspirations. Une démocratie durable n’est pas l’effet d’un simple hasard ou de nombreux discours politiques ; elle reflète la volonté manifestée d’un peuple éclairé, conscient des véritables enjeux de son développement qu’il confie à des dirigeants dotés de compétences pour le réaliser. Par suite, quelles recommandations pouvons-nous faire aux décideurs politiques ? Pour y arriver, il urge de faire l’analyse du lien fondamental entre éducation et démocratie ; ensuite, l’apport des penseurs sur cette relation essentielle pour enfin démontrer le rôle de l’éducation qui dépasse l’instruction scolaire pour englober toutes les dimensions de l’être humain.

L’idée selon laquelle une éducation de qualité est la pierre angulaire de la démocratie n’est pas nouvelle. Aristote, dans son œuvre La Politique, affirmait que l’éducation est un moyen de former des citoyens vertueux. C’est grâce à elle que les individus peuvent comprendre et exercer pleinement leurs droits et responsabilités au sein de la cité. Pour Aristote, l’éducation ne se limite pas à l’instruction académique ; elle comprend aussi une formation morale et civique, essentielle pour faire de chaque citoyen un acteur éclairé de la démocratie.

Plus récemment, John Dewey, philosophe américain du XXe siècle et fervent défenseur de la démocratie, considérait l’éducation comme le principal outil pour former des individus capables de penser de manière critique et de participer activement à la vie publique. Il déclare : « La démocratie doit naître à nouveau à chaque génération, et l’éducation en est l’accoucheuse. » Pour Dewey, l’éducation est un processus continu de formation d’esprits critiques, autonomes et capables de dialoguer – des compétences essentielles pour l’existence d’une démocratie vivante et participative.

Il est crucial de souligner que l’éducation ne se résume pas à l’acquisition de compétences académiques comme savoir lire, écrire ou parler une langue. Une éducation véritablement centrale sur le développement humain prend en compte toutes les dimensions de l’individu. Elle comprend l’apprentissage des valeurs morales, le sens de la responsabilité sociale, la capacité de dialoguer et de comprendre autrui, ainsi que la formation au leadership et à l’engagement citoyen. Ce processus d’éducation globale permet à chaque individu de se réaliser pleinement et de contribuer activement au développement de sa communauté. Ainsi, il est indispensable de repenser nos systèmes éducatifs pour qu’ils ne soient pas limités à des objectifs purement scolaires, mais qu’ils préparent véritablement les citoyens à être des acteurs éclairés et responsables dans une démocratie.

L’éducation doit donc être perçue non seulement comme un droit fondamental, mais aussi comme une condition indispensable à la pérennité de la démocratie. Une population mal éduquée, n’ayant pas accès à des informations variées et fiables, devient plus vulnérable aux discours populistes et aux idéologies extrémistes. Nelson Mandela disait justement : « L’éducation est l’arme la plus puissante que vous pouvez utiliser pour changer le monde. »

Dans une démocratie, elle est également le levier qui permet aux citoyens de choisir des dirigeants capables de refléter leurs aspirations, plutôt que ceux qui tentent de s’accaparer le pouvoir à des fins personnelles.

Dans ce cadre, la gestion de projet devient un levier essentiel de compétences à avoir par les dirigeants, pour transformer la destinée des communautés par l’éducation. Avec ses méthodologies rigoureuses et ses outils de planification, la gestion de projet permet d’aligner les ressources et compétences sur les besoins réels d’une communauté. Un projet éducatif bien géré, avec des objectifs clairs, des indicateurs de performance et une planification minutieuse, peut véritablement transformer la dynamique sociale. Ce processus, fondé sur un suivi et une évaluation continue, garantit que les ajustements nécessaires sont faits en temps réel pour maximiser l’impact. Cela crée un cercle vertueux où l’éducation devient le levier principal pour une gestion plus autonome et efficace de la communauté.

Aujourd’hui, alors que de nombreux pays, notamment en Afrique, sont confrontés à de graves défis démocratiques, il est plus que jamais nécessaire de repenser l’éducation comme un instrument stratégique pour consolider la démocratie. Les gouvernements doivent comprendre que l’investissement dans une éducation de qualité, inclusive et accessible à tous, est la clé pour bâtir des démocraties solides et résilientes. Chaque enfant, quel que soit son environnement, doit bénéficier d’une éducation qui lui permettra de comprendre ses droits et ses devoirs en tant que citoyen, tout en ayant accès aux outils modernes pour affronter les défis de notre époque. Je fais ici référence aux technologies de l’information et de la communication, qui, loin de perdre les jeunes dans des distractions obsessionnelles, devraient être un catalyseur pour trouver des solutions aux défis environnementaux, économiques et sociaux de notre temps.

Pour renforcer la démocratie par l’éducation, voici quelques recommandations pour les décideurs politiques du monde et principalement de l’Afrique :

  1. Prioriser l’éducation civique : Introduire l’éducation civique dès les premières années scolaires afin de former des citoyens conscients et engagés.
  2. Renforcer l’esprit critique : Favoriser l’acquisition de compétences en pensée critique pour permettre aux citoyens de mieux analyser et juger les informations reçues.
  3. Garantir un accès à une information de qualité : Les gouvernements doivent s’assurer que les citoyens disposent d’informations libres et fiables, afin d’éviter la désinformation qui affaiblit la démocratie.
  4. Investir dans la formation des enseignants : Les éducateurs doivent être formés pour transmettre non seulement des connaissances académiques, mais aussi des valeurs démocratiques de tolérance, de justice sociale et de respect.
  5. Encourager l’éducation continue : Créer des opportunités d’éducation tout au long de la vie, pour permettre à tous les citoyens de s’informer et de se former sur les enjeux démocratiques et sociétaux.

Ces actions combinées pourraient contribuer à la consolidation des fondements d’une démocratie durable. Comme le disait Thomas Jefferson : « Si une nation s’attend à être à la fois ignorante et libre, elle s’attend à ce qui n’a jamais existé et n’existera jamais. » C’est par une éducation pertinente et soutenue que nous garantissons l’avenir de la démocratie pour les générations à venir.

Chedji Djégo

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